Retour sur la saison 2018 de Marine Hunter
Une saison 2018 riche et accomplie qui s’est achevé pour Marine. A l'occasion de cette fin de saison Marine nous livre une interview sur son aventure 2018.
Bonjour, Marine tout d’abord comment vas-tu en ce début d’année ?
Ça va bien, j'ai eu une année difficile côté fatigue entre le travail, la prépa physique et les déplacements pour les entraînements. J'avais prévu de participer à une coupe du monde de slalom au Portugal en juin en faisant le trajet en camion, mais je ne me sentais pas du tout d'attaque ni pour le voyage ni pour les longues journées sur l'eau et j'ai transformé ça en trois semaines de vacances. Mes premières vraies vacances depuis au moins deux ans, je crois! Cela dit, j'aurai quand même pas mal planché et bougé pendant ces trois semaines... Dur de s'arrêter!
Peux-tu nous rappeler ton parcours depuis ton arrivée à Voiles de Seine ?
Cela fait plus de 4 ans maintenant que je suis licenciée au club!
Je venais de rentrer à Paris après une année et demie de licence chaotique à La Rochelle et des amis m'ont motivée pour le championnat de France en slalom. J'avais été à une épreuve en 2013 pour voir, et en 2014 j'ai participé à mon premier championnat de France de Funboard de slalom dans son intégralité en finissant 4ème à la fin de l'année. Même si ç'a été une année où le top 2 n'a pas été présent sur toutes les étapes à cause de la coupe du monde qui tombait parfois en même temps, c'était complètement inattendu!!! J'ai également fini 205/895 et 4eme fille au Défi Wind, la plus grosse longue distance qui existe en windsurf.
J'ai poursuivi l'année suivante en allant à mon premier championnat du monde de slalom IFCA en Allemagne où j'ai fini 5ème sur 10 avec une victoire de manche; au Défi, grosse baston sur l'eau et 115e/861!
En 2016, le club m'a beaucoup aidée pour aller plus loin en lançant une campagne de dons participative pour boucler mon budget matériel et transports. On a tourné une vidéo dans Boulogne avec Thibaut Krümm et le crowdfunding a bien marché. J'ai pu me rendre en Croatie pour me battre pour une belle place de 6eme/20 à l'IFCA et j'ai également fait ma première coupe du monde PWA de slalom au Danemark
L'année suivante, j'ai voulu faire ma première saison de coupe du monde PWA de vague dans son intégralité. J'y pensais depuis un moment mais c'est un coaching avec Nicolas Akgasciyan qui m'a décidée, il m'a donnée la confiance pour y aller.
C'est une discipline que j'ai toujours pratiqué dès que je l'ai pu en parallèle du slalom, et je pense que ça me plaisait plus car on est dans une compétition moins directe avec les autres concurrentes qu'en slalom où il peut y avoir du contact aux bouées. Il m'est déjà arrivé de provoquer un accident à mes débuts sur le championnat de France, ça m'a marquée même si ça ne s'est jamais reproduit par la suite, à part quelques petits coups de voile... Au début, j'avais une peur bleue de de blesser quelqu'un par maladresse, puis en me perfectionnant j'ai eu peur de prendre trop de risques.
La vague est une discipline d'expression comme en surf, tu es seule face à toi-même, c'est assez différent. L'adrénaline n'a pas la même teneur.
Bref, en 2017 j'ai pris une bonne claque en finissant dernière à toutes les étapes de la PWA en vague, MAIS, comme j'avais participé à toutes les étapes, j'ai été gratifiée d'une 11eme place mondiale.
2018 a commencé très fort avec une 5eme place au Maroc, la première étape du Tour mondial PWA vague. Un truc de dingue! La suite a été moins glorieuse en finissant à nouveau dernière des 3 autres étapes de l'année. J'ai toujours relativiser ces résultats par rapport à mon niveau en vague qui était clairement à la ramasse en 2017, et j'ai essayé de mettre le paquet pour rattraper les autres. Sans budget, c'est difficile, mais ça ne m'empêche pas de progresser et d'être contente du travail abattu.
Crédit : John Carter
D'ailleurs tu es pour la 4ème fois sur la première marche du podium de la Ligue IDF tous supports confondus, une confirmation pour toi ?
Avant que le club ne m'en parle, je n'avais jamais eu l'idée de regarder les classements régionaux. J'avoue que maintenant c'est devenu un petit challenge en fin de saison ^^
Est-ce que c’est une pression pour toi chaque nouvelle saison ou un challenge qui te boost davantage ?
Ce n'est pas ce qui me porte d'une manière générale. J'essaie avant tout de me focaliser sur l'élévation de mon niveau technique,les classements d'une manière générale m'apportent une satisfaction mais j'essaie à tout prix de ne pas en faire une finalité, qui, justement, devient pour moi une pression contre-productive. Comme je me suis toujours donnée perdante en compet' à mes débuts, j'ai du mal à me projeter dans l'idée de performance. J'ai toujours peur d'être déçue ou de décevoir.
En plus de cette première place, tu n'es pas en reste au niveau international : quels étaient tes objectifs ?
L’objectif été de finir dans le top 10 mondial sur la coupe du monde PWA de vague: fait! puisque je fini 9ème.
Quelles étapes du circuit PWA t’ont le plus marquées ?
Celle du Maroc pour les conditions exceptionnelles et les résultats: on a eu plus de 4m de vagues certains jours, avec mes conditions préférées : un vent léger et de bonne conditions de waveriding ; et une 5eme place en gagnant un heat devant une des 3eme mondiales, what else.
Également celle de Pozo pour les mêmes facteurs, d'un point de vue inversé : on a eu du vent extrêmement fort, où je suis beaucoup moins à l'aise, et je n'ai fait que me prendre des tôles. Après cette épreuve, j'ai développé une espèce de phobie du vent fort où j'ai plus peur que d'habitude pour sauter.
En fin de saison tu as pu plus profiter des côtes françaises, comment abordes-tu ces compétitions nationales?
Sur le circuit mondial, le niveau est monstrueux, et s'amplifie chaque année un peu plus avec de nouvelles têtes hyper douées. Pour persévérer avec mon petit bagage, il faut pouvoir encaisser.
Après une saison contrastée sur la coupe du monde, les compétitions locales sont l'occasion de revoir les amis, passer un bon moment et me remettre en confiance avec des concurrentes qui sont plus de mon niveau. Enfin, je dis ça mais cette année, j'ai bataillé dur pour conserver mes victoires de l'an passé! Et puis, je crois que je suis assez casanière: je préfère cent fois rester sur les rivages français que d'aller cramer sous le soleil des Canaries. Je crois bien que mon étape préférée du tour est à Sylt en Allemagne. Cet endroit ressemble beaucoup au Nord de la France, avec de grandes dunes, un temps passable et des conditions très changeantes. Personne n'aime cette étape, moi ça me rappelle la « maison ». C'est tellement beau, les côtes françaises.
Crédit : Franck Fife
Quels sont tes projets et objectif pour les saisons à venir ?
La coupe du monde est un vrai moteur de progression, bien que j'ai du mal à apprivoiser les émotions contradictoires et la pression qui en découlent. Je vais essayer de mettre l'accent sur cette partie psychologique pour retrouver plus de légèreté d'esprit sur l'eau. Puisqu'on parle de psychologie, un de mes objectifs à long terme est également de me débarrasser de mes problèmes de boulimie qui me collent à la peau depuis plusieurs années. Au-delà des coups de déprime, les conséquences physiques commencent à se faire ressentir, j'ai l'impression d'avoir 5 ans de plus que mon âge.
Concernant les épreuves sportives, je souhaiterai participer à environ 3 étapes de la coupe du monde de vague; avec 5 étapes prévues, le calendrier 2019 est gratiné! Je compte aller à Pozo, au Danemark et à Hawaï avec un 4eme joker si je boucle mon budget. Je serai présente au Défi Wind sans réel objectif de performance mais je place la barre du fun très, très haut! Voilà pour les grandes lignes.
Mon objectif le plus ambitieux sera certainement d'aller au bout de mes envies, malgré la peur de l'échec, malgré la peur de décevoir, malgré le manque de confiance en moi. Je recherche par exemple un sponsor planche, les miennes commencent à accuser le choc des années de mauvais traitements. Je n'en avais pas cherché avant parce qu'il fallait que ça colle avec les deux disciplines, que je préférais consacrer mon budget aux étapes et aussi que je ne pensais pas en valoir la peine (etc, etc, etc).
Je vous dois une confidence, pour l'instant tous mes sponsors actuels m'ont approchés soit de leur propre initiative, soit de celle d'une connaissance. Autre objectif cette année, y aller moi-même. Maintenant que je sais ce que je veux faire (tout péter en vague – le sens littéral n'est pas bien loin) et que je commence à naviguer de manière acceptable, c'est plus simple pour moi.
Comme je suis très difficile, je me suis arrêtée sur une seule marque qui me plaît beaucoup.
Je voulais vraiment remercier le club, la ville de Boulogne-Billancourt, le label MSC Pêche Durable, La Lunette Jaune, Ka Sail, Olaian, Espace Windsurf ainsi que beaucoup d'autres personnes pour leur aide et d'avoir cru en moi pendant toutes ces années! J'ai beaucoup de chance d'avoir un tel soutien. Vous pourrez suivre mes aventures sur la toile (voir ci-dessous); n'hésitez pas à vous abonner à mon blog et mes pages, c'est un bon coup de pouce :)
Au passage, pour ceux qui rêvent de me voir avec un sponsor planche, vous pouvez envoyer un mail à Quatro Windsurfing (lalo.goya@forwardmaui.com) pour leur dire pourquoi vous pensez que j'aurai ma place dans leur team international (anglais ou espagnol préférables). Pour l'instant, le soutien d'une seule personne n'a pas suffit, alors je me dis que peut-être qu'à plusieurs ça marcherait mieux. Qui tente rien, il a rien, comme disait une grande personnalité du foot.
Merci à Marine pour ses réponses, et sa spontanéité.
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